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 Le Scribeur

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kaeden
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MessageSujet: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:10

donc première partie d'un roman (pas encore terminé) qui rassemble des ptites nouvelles :


LE SCRIBEUR

Lorsque mon père m’amena dans son laboratoire ce matin-là, je sus que le moment était arrivé, enfin arrivé. Celui que tout enfant attend dans sa courte vie.
Le jour pointait à peine, les étoiles offraient leur dernière lumière. Mon père, pour sa part, m’offrait sa première et dernière attention. Lui qui ne m’avait jamais parlé en douze ans d’existence me tenait à présent par l’épaule, moi dans ma vieille robe de nuit grise, mon père dans sa longue soutane à l’étoffe épaisse et lourde, de couleur violette, preuve de son importance au sein du clan.

Dès lors que nous fûmes entrés dans la vaste pièce circulaire aux murs de pierres noirâtres et brutes, mon regard se mit à vaciller frénétiquement, comme fou, passant du flacon emplit de liquide bleu posé sur l’étagère, au parchemin jaunâtre à l’intérieur de ma tête, marquer ces images au fer rouge dans ma mémoire. Il y avait néanmoins un endroit où j’évitais soigneusement de poser les yeux : sur la table placée dans une grande alcôve quelques mètres à ma gauche, l’énorme table de bois non poli, dévorée par le lierre. Je n’avais pas besoin de regarder dans cette direction car je savais ce qui s’y trouvait. De plus, l’envie de voir ne s’était pas emparée de moi. J’avais encore du mal à y croire. Ou bien voulais-je encore quelques secondes garder à moi le plaisir, l’euphorie bien caractéristique d’une longue attente sur le point de s’achever. Parce que je savais bien que toute cette excitation disparaîtrait lorsque j’aurai l’authentique confirmation que ma présence ici n’était pas due à un hasard.
Quand les battements de mon coeur se calmèrent enfin, j’osai lever les yeux vers la table et trouvais mon père face à elle, face à ma confirmation : Lui ! Je m’avançais lentement, presque religieusement, comme on procèderait pour ne pas effrayer un animal sauvage. Arrivé au niveau de mon père, je me postais à ses côtés et imitais sa posture, les mains, posées sur le bord de la table, le regard au centre du meuble rongé par la végétation. Au milieu des feuilles, à même le bois une petite cavité était creusée, laquelle contenait l’objet sacré du clan : un livre de cuir noir à la reliure argentée. Sur la couverture, le titre de l’ouvrage n’est rien moins que brodé de fils d’or. L’éclat des fils jouait avec les rayons blafards des torches accrochées aux murs. "Histoire rêvée", la seule chose dont j’allais hériter de mon père.
A partir de maintenant, je sais ce qui va se passer, pour y avoir assez réfléchi et l’avoir entendu dire par ma mère. Toute la semaine, j’y ai pensé la nuit, j’ai imaginé cette scène. Comme je l’avais prévu, je sens la présence de mon père reculer, plus que je ne le vois vraiment faire. Il reste face à la table, comme le veut la tradition, les bras au corps, le regard fixé sur le livre, comme l’avait fait son prédécesseur, et le prédécesseur de ce dernier. Dès à présent, on allait me laisser un jour entier pour prendre connaissance du livre du clan.
Avec humilité, j’ouvre mon héritage et sens. L’odeur dégagée est sucrée et musclée comme celle dont sont embaumés les bois. Ensuite seulement je vois. Ecrit sur la page jaunie par le temps qui s’envole, je lis l’Histoire, telle que l’ont vue les Anciens :



REVE PREMIER

└ Forêt des Feuilles, là se trouvent le troisième membre, Lunille, ainsi que les membres un, Wanya, l’homme adulte, deux, Lambe, la femme adulte et Dichande, le quatrième membre, un garçonnet encore au stade le l’enfance. Le troisième membre, quant à lui, s’avance vers l’âge adulte. Dans vingt-six lunes, à sa majorité, la communauté rejettera Lambe, qui aura à en trouver une autre. Mais avant cela, cette dernière devra concevoir une héritière avec le membre un, afin que la communauté reste complète.

En attendant, dans la Forêt des Feuilles, tous les quatre se rendent rituellement sur les vestiges d’un sanctuaire très ancien, celui pour qui le temps a cessé de s’écouler. Pendant que Dichande s’amuse à galoper entre les dédales de pierres rudimentairement taillées dont est parsemé de sol, les deux premiers membres se promènent silencieusement autour des restes du sanctuaire. Lunille, elle, a remarqué une sorte de trou dans une des épaisses pierres debout sur le sol. Mais tellement précis qu’il ne peut qu’être le fruit de la main de l’homme. En s’approchant, elle remarque qu’il y a même deux fenêtres. Car c’est à cela que ressemblent ces trous. Tout d’abord l’un, un cercle parfait, puis un second en dessous, plus grand celui-là. En forme de demi-lune, la surface droite en bas, et cette étrange figure est découpée en quatre parts égales et séparées par d’assez fines lamelles de pierre. Vivement, elle s’approche et se baisse légèrement afin de se mettre à la hauteur de ce soupirail et pouvoir regarder au travers.
Dans son champ de vision naît une ville. Des rues boueuses et poussiéreuses, des chevaux, des gens, épée au flanc et des enfants vêtus de haillons, passent et repassent sous les yeux de la pré-femme. Soudain, un jeune garçon portant une tunique bleu nuit s’approche d’elle, un franc sourire aux lèvres. Il doit avoir dix fois douze lunes, environ l’âge de Dichande, et lui tend la main :
◊Tu viens ? On va jouer ! ◊
Lunille, stupéfaite, ferme les yeux et recule, puis se retourne et grimpe sur une pierre pour se surélever. Elle regarde droit devant mais rien, uniquement une plateforme de pierre, sûrement le sol du sanctuaire, saupoudré de feuille et de lumière solaire perçant à travers les arbres clairs. Lunille baisse à nouveau les yeux sur la fenêtre et aperçoit encore, à l’intérieur de la fenêtre, la main tendue de l’enfant. Celui-ci se baisse, et son visage apparaît, rieur. Précautionneusement, elle descend de sa pierre, s’avance vers cette fenêtre ouverte sur l’ailleurs, passe sa main dans le deuxième quart gauche de la demi-lune. La main du garçon saisit la sienne et elle se sent doucement tirée. Sans se demander comment se terminerait cette traction, elle referme les yeux, rassurée par la lente mais ferme tension, et se laisse guider en avant.
Un rayon merveilleusement lumineux l’éclaire de l’intérieur, elle se voit tout entière dans sa tête, toute entière illuminée ; non, elle s’illumine elle-même, elle est lumière, elle est aura. Quand elle reprend conscience d’elle-même, elle marche et le petit garçon, la tête tournée vers elle, la regarde, avec ses grands yeux brillants de joie, et son sourire toujours présent, si bien qu’on le croirait gravé sur son visage. Sa main serre toujours fermement celle de Lunille.
◊ Alors, tu viens ? On va d’abord voir mon père, s’exclame-t-il avec entrain. ◊
◊ Attends, où sommes-nous ? Et comment t'appelles-tu ? ◊
L’enfant s’arrête brusquement de marcher.
◊ A Asclandre ! Et je m’appelle Andalme ! Et mon père, c’est Rakine ! Viens, on y va. ◊
Et il reprit de l’allure, entraînant Lunille dans les ruelles. ┘


Là le texte est effacé, ravagé par le temps. Pire, il n’a pu être réécrit, car pendant longtemps, on ne trouva plus de descendant en mesure de devenir scribeur. Durant la longue recherche de ce dernier, l’âge avait permis à un morceau du rêve de s’effacer, de disparaître, de se perdre au milieu des limbes de l’oubli. Quand enfin mon arrière-grand-père fut désigné, il était trop tard. Douze fois quarante lunes s’étaient écoulées et le rêve s’était déjà envolé.


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kaeden
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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:17

└ Les membres un et deux devaient vraiment s’inquiéter car ils l’appèlent psychiquement. A ce contact, Lunille se sent illuminée de l’intérieur pendant quelques secondes. Il en est toujours ainsi lorsqu’ils communiquent.
◊ Lunille ? Est-ce que ça va ? Où es-tu ? Nous te cherchons depuis trois heures ! retentit gravement la voix du premier membre. ◊
◊ Oui, ne vous inquiétez pas, je vais bien ! Je suis... A vrai dire, je n’ai aucune idée de l’endroit où je me trouve. Pour tout vous dire, je suis rentrée par une espèce de fenêtre taillée dans une brique en face d’une grande plateforme de pierre. Ca fait déjà trois heures ? J’ai l’impression qu’il ne s’est passé qu’une vingtaine de minutes, leur envoya-t-elle par le lien violet qui les unissait dans le noir complet de leurs esprits. ◊
Elle reçoit immédiatement leur réponse, se sentant à nouveau illuminée.
◊ Oui, trois heures. Comment faut-il faire pour te rejoindre ? ◊
◊ Je ne sais pas vraiment. Placez-vous en face du soupirail dont je vous ai parlé tout à l’heure. Il est en forme de demi-lune coupée en quatre, et il y a un trou en forme de rond dans la pierre, au-dessus de la demi-lune. Taillé dans une pierre levée. Ca ressemble à ça. ◊
L’adolescente leur fait partager son image par le biais du lien ténu et lumineux à la fois.
◊ Avancez simplement vers lui. Je vous y rejoindrai, attendez-moi. ◊

Pendant cet échange spirituel, elle avait fait la connaissance de Rakine, un colosse d’environ douze fois trois lunes, qui propose de les accompagner, Andalme et elle dans leur visite d’Asclandre. En effet, ces temps-ci, la grande ville n’est pas sûre. Elle accepte et précise vouloir auparavant retourner à l’endroit où elle est arrivée dans ce monde. ┘


De nouveau, le vide argenté de la page remplace les textes envolés. Je feuillette le livre et quelques pages plus loin, le texte recommence. Je reconnais l’écriture de mon père qui avant moi, avait sauvé ces rêves. A présent, cette tâche primordiale de restauration est mienne mais je suis encore trop jeune pour bien me rendre compte de la taille de ce qui m’incombe.


└ Au moment où ils se rejoignent tous les six au croisement des trois rues, Lunille tourne vivement la tête à gauche pour voir sous un rudimentaire toit de paille, un puits de vieilles pierres. Mais là n’est pas le centre de son attention. Ce sont les hommes vêtus de noir qui sortaient furtivement de l’ombre offerte par le toit ainsi que de derrière le puits. Le bruit de leur pas est étouffé par le foin qui gît au sol.
Lorsque l’oreille fine de Rakine l’avertit du danger, il leur intime l’ordre de courir sans plus tarder. Le membre trois revoit encore son visage rose pâle qui met en valeur les yeux immensément ouverts du géant, un visage exprimant une angoisse violente ainsi qu’une peur longtemps refoulée.
Sans perdre un instant, elle se met à courir à perdre haleine pour s’arrêter quelques rues plus loin, remarquant une grille au sol. Lunille la soulève et s’accroche à la corde qui pend à l’intérieur, nouée à un anneau de métal, lui-même fiché dans une pierre. Une fois sur la corde, elle prend bien soin de remettre la grille à sa place, descend quelques mètres puis, profitant de l’ombre, elle s’immobilise. Ce n’est qu’à cet instant, qu’elle reprend vraiment ses esprits pour découvrir qu’elle est seule.
Peu de temps plus tard, Quumaril, le roi, se poste sur la grille, jetant une immense ombre sur la pierre en face d’elle. Sans hésiter, il l’interpelle d’une voix pleine d’aigreur et de cruelle satisfaction.
◊ Ah ! Te voilà ! ◊
Puis il part d’un long rire sarcastique.
◊ Et voilà aussi ton ami ! Regarde ! ◊
A ces mots, il passe au travers d’un des barreaux de la grille la tête coupée de Rakine. Les yeux de Lunille s’agrandissent à cette vue et sa bouche s’ouvre légèrement, mais l’horreur a réduit Lunille au mutisme et aucun son n’en sort. A une cinquantaine de centimètres, le visage encore rosâtre de son ami se tourne vers elle et les yeux du mort se mettent à la fixer ostensiblement. Un voile blanc commence de les couvrir. Le regard empli de perles transparentes de la post-adolescente remonte et voit la main ensanglantée du tyran agripper et souiller les cheveux blonds de son ami.
Pétrifiée d’effroi, le seul mouvement qu’est encore capable d’effectuer le troisième membre est de baisser la tête pour laisser filer ses larmes. C’est alors qu’elle découvre l’endroit dans lequel elle s’est désespérément réfugiée.
Trente mètres plus bas, faiblement éclairée d’une lumière blanche à la source invisible, une immense salle. Pas de sol mais de l’eau. Calme, immobile, claire et transparente. Néanmoins, par manque de lumière, Lunille est incapable d’apercevoir le fond de l’eau. La pré-femme frissonne, trahissant sa tristesse ainsi que sa lascivité. Ce geste discret n’échappe pourtant pas à Quumaril et même déclenche chez lui un rire dément. Il rapproche son trophée macabre du troisième membre. Ce geste lui ôte toute force et elle lâche la corde pour sombrer sans un bruit au fond de la lumière liquide.

Lorsqu’elle sort la tête de l’eau, le membre trois jette un regard autour et au-dessus d’elle. Elle ne s’étonne même pas d’avoir survécu à une chute d’une trentaine de mètres. La grille semble minuscule là-haut. A sa droite, la pièce s’allonge, s’éloigne sombre et immense, infiniment liquide. A sa droite, l’épaisse noirceur qui occupe tout l’espace est plus sombre que l’intérieur de son propre esprit.
Incapable de se soucier des autres membres ainsi que d’Andalme, Lunille tourne la tête à sa gauche et découvre que le jour est à sa hauteur et que c’est lui la source de lumière. Doucement, elle se met à nager vers la blancheur immaculée et arrive aux abords de l’immense salle. Ses mouvements ne rident pas la surface de l’eau. L’eau ne se déplace pas. Enfin, elle arrive à la frontière entre l’eau et le jour, là où la liqueur laisse place à la lumière. Elle arrive à une ouverture, une fenêtre vers l’ailleurs. Au même niveau que l’eau, un mur la retient, un mur d’eau solide et gris qui l’empêche de couler dans la falaise. Malgré qu’elle se meuve, pas une goutte ne jaillit et chut dans le vide du trou qui se trouve face à Lunille. Levant les yeux, la pré-femme voit que cette ouverture rectangulaire n’est pas de dimensions formidables par rapport à celles de la salle. Environ trois mètres de hauteur sur vingt de largeur. Une colonne d’un mètre de diamètre sépare les fenêtres entre elles, les fenêtres qui se multiplient sur toute l’infinie longueur de la salle.
Sans réfléchir, comme hypnotisée par la lumière du jour, Lunille s’approche, marche dans la liqueur sans fond comme elle marcherait sur la terre ferme. L’eau illuminée n’est plus eau car elle est air. Air liquide plutôt. Ou eau aérienne. Eau sèche même puisque le bras que tend Lunille pour tenter d’agripper la lumière qui lui fait face était totalement sec, frais. Mais pas froid. Son corps aussi est dans ce cas. Elle se meut dans un élément liquide qui pourtant n’a aucun effet sur elle. Ou plutôt si, cet élément l’enveloppe langoureusement, comme une couverture, comme une protection contre l’extérieur, contre la mauvaiseté du dehors, des autres. Ce drap la délasse, la calme. Ainsi, sans la moindre difficulté, Lunille s’avance vers l’extérieur. Mais pas ce dehors d’obscurité, de noirceur qui peut et a détruit tant d’êtres. Non, elle va rejoindre la lumière. Elle marche sans s’enfoncer dans ce qui aurait pu la perdre, ce bien-être qui pouvait la retenir dans ses bras de velours. Arrivée au bord de la fenêtre, la post-adolescente lève la jambe gauche, puis la droite et monte un escalier d’eau. Puis elle prend appui sur le rebord de cet immense écran de lumière. Cette barrière à l’eau est pierre. Mais tellement fine qu’on la croirait d’eau, elle aussi. Mais elle est grise comme le roc, et transparente aussi. Imbrisable comme la pierre, mais semble aussi fragile qu’une goutte d’eau. Inattaquée par le temps, mais lisse comme si la liqueur qu’elle retenait l’avait érodée depuis le début des temps. Mais l’eau est air, et la pierre résiste à l’air. Ce mur est force, mais il n’a aucune épaisseur, il n’a même pas deux côtés. Il est uniface. Il est, simplement. Pour Lunille, il n’est qu’un trait, qu’une ligne, qu’un fil sur lequel elle marche sans vaciller. Sans ressentir de peur ni de vertige par rapport au gouffre qui la dévorerait si elle chutait. Comme dans l’eau, elle marche dans l’air, dans le rien, sur un fil de mur. De l’autre côté de la barrière, taillé dans le rien, sculpté dans le vide, un gouffre, puis au loin, un paysage se dessine, mais tout en le voyant, le volant, le capturant à l’intérieur de son regard, Lunille ne sait pas vraiment ce qu’elle voit. Car ce paysage est comme le jour, il est lumière. Lumière rouge, brun de terre. Lumière verte. Lumière bleue. Lumière au pourtour de montagne. Falaise de lumière. Lumière de ciel. Jour de lumière. Point d’astre déversant sa luminosité sur l’existentiel. Nul besoin. Puisque l’existentiel dégage sa propre lumière. Et en remplit les yeux de Lunille. D’ailleurs, Lunille elle-même en exhale. Sa lumière. Mais la sienne n’a ni couleur ni forme. Elle est un tout et un néant. Et c’est dans cet état de totalité et d’osmose avec ce qui l’entoure, d’unité avec le reste puisque comme le reste elle est lumière, qu’elle ose faire un pas dans l’air-lumière. Ce pas qui lui rendra son existence, sa vie son unique identité. Avec ce pas, elle redevient elle-même, mais uniquement elle-même.

Sur le sol de pierre, Lunille voit à travers le soupirail. Mais elle ne voit pas de ville, de rue ni de gens. Elle est simplement de l’autre côté de la fenêtre. Au travers, elle voit l’endroit où elle était placée deux journées auparavant. Elle voit au travers du cercle de pierre trouée le petit promontoire qu’elle avait gravi, il y a quelques jours. Il est le même, le sol est le même, les feuilles sont les mêmes, et il en va de même pour les arbres. Mais non ! la lumière déclinante est différente. Orangeâtre qui éclaire cet endroit, filtrant à travers les arbres, filtrant à travers les trouées solaire et semi-lunaire. Tout est semblable et pourtant différent. Tout a vieilli. Les feuilles, les arbres. Seules la lumière ainsi que Lunille n’ont pas changé. Les deux ne sont à présent qu’éternité. Eternellement en osmose. Lunille n’a pas retrouvé son Elle-même, son unité. Elle est lumière et éternité. Elle est duplicité.
Dans son intérieur, lumineux à présent, son lien violet cherche dans le néant. Mais ne rencontre aucun de ses membres. Alors elle part. Elle part à la recherche d’autres membres. Tant physiquement que spirituellement. Elle laisse exploser son lien pour qu’il prenne toute la place dans son intérieur et se déplace à l’infini. Jusqu’à ce qu’il rencontre et là aussi, entre en parfaite harmonie avec d’autres membres. ┘


FIN DU REVE PREMIER

Refermant le livre, je caresse doucement la couverture de cuir noir, passant minutieusement mon index sur les fils d’or. Et je songe. Lorsque j’aurai fait Mon Rêve, le rêve le plus important de ma vie, je le saurais. Et là, ce sera à moi de le raconter, de le graver dans ce livre pour l’éternité. Ensuite, je laisserai cette tâche de scribeur à mon dernier fils, le quatrième que j’aurai. Comme mon père ! En attendant, ma seule mission, mon seul but est de faire revivre les rêves des autres scribeurs, ne pas les laisser dans l’oubli, les rattraper et les garder.



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kaeden
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MessageSujet: histoire deux du Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:22

Ayant terminé ce premier rêve, je refermais le livre et réfléchis à ce que je venais de lire. Comment allais-je l’interpréter ? Ce rêve avait-il déjà influencé le monde des Hommes ? Il m’était impossible de répondre à ces questions. Je n’avais pas encore vécu assez longtemps pour apprendre toute l’Histoire de mon peuple et savoir si certaines prophéties avaient déjà été réalisées. De dépit, j’ouvris de nouveau l’ouvrage et mes doigts humectés cessèrent de tourner les pages lorsque l’inscription : ” REVE SECOND “ apparut à mes yeux.



REVE SECOND

└ ◊ Dans l’autre temps, les Poussières étaient différentes. Elles étaient neutres. Aujourd’hui, elles sont instrument de mort. ◊
◊ Combien de victimes y a-t-il eu durant le dernier quart de lune ? ◊
◊ On a totalisé dix Hommes et une quinzaine de cadavres. ◊
◊ Tant que ça ? s’exclama une jeune personne encore imberbe, mais les Hommes sont-ils aussi naïfs qu’on le prétend ? Ne se rendent-ils pas compte qu’ils se déciment à une allure infernale ? ◊
◊ Ne parle pas ainsi de ceux qui furent tes semblables, Steorn, ça ne changera rien. Nous sommes totalement impuissants face aux Poussières ! répondit un vieillard à la barbe garnie. ◊
◊ Je me désespère de tant de carnages et je ne suis pas d’accord lorsque l’on dit qu’il n’y a rien à faire. S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème ! Or il y en a un ! Et si nous ne le réglons pas, nous n’existerons bientôt plus ! dit la jeune créature d’une voix d’où perçait une colère longtemps contenue. ◊
◊ Steorn a raison, mais qu’y pouvons-nous ?◊
◊ Je sais comment faire, j’ai malheureusement été témoin d’une de ces disparitions. ◊
◊ Beaucoup savent comment ces disparitions arrivent, Steorn. Pas d’empressement. dit le vieillard d’une voix posée en essayant de calmer le jeune garçon.
◊ Bien ! Alors vous savez comment remédier à ce fléau ! répliqua Stéorn, surexcité. ◊
Un long silence tomba sur l’Assemblée, tel la vase au fond d’un marais, lourd et étouffant.
◊ Je suis de l’avis de Steorn, on ne doit pas laisser ces crimes, que dis-je ces crimes, ces carnages se perpétuer ! Et c’est d’autant plus grave que nous savons comment y mettre fin ! Là est le vrai crime : laisser faire sans rien dire, sous l’effet de la peur ! ◊
◊ Mais cela signifierait qu’il nous faudra perdre l’un des nôtres ! Un de plus ! s’opposa une autre personne, inquiète. On ne peut se le permettre, c’est trop dangereux !◊
◊ Non ! Mieux vaut en perdre un que courir à notre perte à tous ! Humaine comme divine ! ◊
l’interrompit la voix de Steorn d’un ton péremptoire. ◊
◊ Je pense qu’il ne nous reste plus qu’à voter, reprit le vieillard, d’une voix emprunte de sage résolution. ◊
◊ Qui prend la décision, et sera prêt à assumer la perte de toutes les créatures dotées du souffle vital ? questionna Steorn entre menace et avertissement. ◊
Comme il le prévoyait, aucune main ne fut brandie parmi tous les anges présents dans l’immense salle.
◊ Bien, conclut le jeune ange d’un ton détaché, il faudra donc trouver un volontaire ! ◊
◊ Oui, cracha avec mépris et dégoût l’un des anges qui s’était opposé à lui, quelqu’un que l’on jettera en pâture aux Poussières ! ◊
◊ Non ! intervint un autre furieux, quelqu’un qui déterminera l’avenir des anges et par conséquent celui des Hommes ! Quelqu’un qui nous permettra de sauver ce qui reste de nous ! Il sera salvateur et non pas martyr ! Héros et non pas sacrifice ! Même si son sort n’est pas enviable, puisqu’il faut le dire…◊
◊ Ah ça non ! Pas enviable du tout même !◊
◊ On ne doit pas le cacher, continua l’autre sans faire attention à l’interruption, dans ces cas-là, autrui passe avant soi ! Il faut sauver la communauté avant sa propre survie ! ◊ ┘


A cet endroit, le texte a disparu, et ne réapparaîtra plus, ni pour moi, ni pour mes successeurs. Seul le temps peut dire ce qu’il en fut de cet extrait, et le temps reste insaisissable. Toujours présent, mais jamais à notre portée.

└ ◊ Bien, je reconnais vous avoir poussé à agir comme je l’entendais, je me plierai donc à votre choix ! termina Steorn dont ni la voix ni le visage ne laissait transparaître d’émotions. ◊
On se rendit donc face à un nuages de Poussières, l’un de ceux dont les cris, de jour comme de nuit, déchirent et le silence et le cœur. Un nuage de peur, de noirceur. Un nuage transpirant peur et laideur.
◊ Bien, j’y vais. Sur ce, il s’inclina profondément devant les anges qui lui faisaient face. Son visage était un masque inexpressif, comme si le jeune ange était inconscient du sort qui l’attendait. Adieu ! ◊
Sans un autre mot, il leur tourna le dos et regarda le nuage. Il écarta les bras sous l’œil grave de certains de ses congénères, apitoyé pour d’autres ou encore stupéfait pour les derniers. Quoi qu’il en soit, tous étaient restés en retrait. Arrivé à la limite de l’air impalpable et du nuage de Poussières, compact, concentré, presque solide, Steorn referma les bras, étreignant ce dernier. Il l’agrippa de toutes ses forces d’adolescent, se pencha dessus, enveloppa si entièrement de son corps, la forme nébuleuse qu’elle se remodela. Mais, plus forte que lui, elle le repoussa et il dut se relever. Le nuage s’allongea, grandit, s’affina. Pour déferler sur lui. Comme une vague en pleine mer, un jour de violente tempête. La forme de Poussière s’écroula littéralement sur la tête de l’ange, et ce fut à elle de l’envelopper complètement.
Puis le nuage se décondensa. Les Poussières devinrent plus épars sous les regards mitigés des autres créatures divines, provoquant chez certains un mouvement de recul. L’épouvante mêlée à a stupéfaction avait en effet saisi les plus jeunes, ainsi que ceux qui n’avaient encore jamais assisté à la disparition d’un ange. A la mort de ce dernier. Mais aussi à sa propre et inéluctable métamorphose.

Les oreilles de Steorn sifflaient atrocement tandis qu’il avançait dans l’épais brouillard. Il marchait droit devant lui au beau milieu des cris et d’une symphonie infernale qui lui brisaient les tympans à chaque seconde. Avec une volonté hors du commun, il essaya de ne pas y prêter attention. Il restait de marbre, regardant devant lui. Devant lui, derrière, à ses côtés, au-dessus, en dessous, rien. Rien que du brouillard et du bruit. Pendant un temps indéterminé, il marcha, il évolué dans cet univers.
Au bout d’un moment, le bruit ne lui fut plus douloureux, il devint présent. Tout en restant d’une indicible laideur, il devint supportable. Tous les hurlements les crissements stridents, les tonnements assourdissants du monde tombaient ensemble dans l’oreille d’une unique personne. Mais cette cacophonie incessante, engendrée par le néant n’avait plus d’effets sur Steorn. Ainsi donc il marcha. Il vécu. Un ange n’a pas de besoins. Il vécu au milieu de ce brouillard gris. Ce brouillard de bruit sans que cela ne l’affecte plus. ┘

Le texte qui se trouvait là a disparu. Une demi page plus bas, les écrits anciens n’ont pas encore eu le temps de disparaître.

└ C’est la raison pour laquelle, lorsque tout se tut, brusquement, sans prévenir, il ressentit une vive douleur, une douleur au-delà des mots, indescriptible. Tout d’abord dans sa tête. Il eut l’impression qu’elle était sur le point d’imploser. Comme si, pendant des années, on la lui avait compressée et qu’aujourd’hui, on relâchait la prise et que tout le sang qui avait été retenu affluait d’un seul coup. Malgré qu’il soit bien loin de la vérité, c’est l’exemple le plus approchant de la souffrance qu’il ressentit.

Steorn se pressa les mains contre les tempes. Hurla à tout rompre. Pleura de douleur. Il éprouva une seconde torture. Au niveau du cœur celle-là. Ce dernier était pris entre des tenailles et la douleur venait, au contraire de la tête, du fait qu’on le lui écrasait de plus en plus. Pour souffrir moins, il se brisa la voix. Cela eut l’effet escompté. Le bruit rauque qu’il crachait de toutes ses forces, qu’il rejetait hors de lui l’apaisait. Mais chaque fois qu’il diminuait la force de son cri, que ses forces l’abandonnaient, la douleur réapparaissait, plus poignante, plus mordante encore que le précédant élancement de souffrance. Le bruit qu’il créait, qu’il éructait, diminuait la pression exercée sur son cœur et augmentait celle sur sa tête. Mais cela ne le sauvait pas.
Au bout d’un long moment, il n’y eut plus de bruit. Il n’eut plus de voix. Elle fut remplacée par le mal. A bout de forces, l’être endolori s’immobilisa. Autour de lui, le brouillard se dissipa. La grisaille fit place à une blancheur immaculée. Face à lui, une tache grise subsista pourtant. Il ne bougea pas mais la tache grossit. La mort, escortée d’un concert de sons totalement discordants s’approcha. A nouveau, le cœur de la créature fut libéré de son carcan. Puis elle ne sentit plus rien !



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Dernière édition par le Lun 18 Juin - 23:29, édité 1 fois
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MessageSujet: histoire deux du Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:23

Steorn réapparut face à l’Assemblée réunie dans la plaine. Mais ce n’était plus vraiment lui. D’ailleurs, s’ils n’avaient pas assisté à sa mort, les anges n’auraient jamais reconnu celui qui venait de renaître devant eux.
La prison de Poussières avait disparue au même moment où Steorn était revenu. Elle leur laissait juste un nouveau-rené. La sensation qui se dégageait de cette chose n’avait plus rien de divine. Tout d’Humaine !
Durant sa longue agonie, Steorn-l’ange avait pris conscience de ce qui ne s’écrit pas. Il avait apprit une laideur, une mauvaiseté, une vie. Il avait accouché de lui-même mais sous une autre forme, une forme à l’image de cette prise de conscience. Il s’était donné la mort pour se ressusciter. C’est donc à l’état de cadavre vivant que le revirent les anges.

Mais Steorn n’avait accompli que la moitié de son devoir et à présent, il se dirigeait vers ce qui constituait la dernière partie de son engagement. Il avait appris à renaître, il devait donc apprendre à mourir.
En passant devant les anges, Steorn-l’Homme courba la tête, plia l’échine. En signe de soumission, sentiment que ne peut s’empêcher de ressentir l’Homme face à un être qui lui est supérieur. Pourtant, c’était un acte héroïque qu’il venait d’accomplir. Les anges, eux, ressentaient honte et culpabilité. Honte de n’avoir pas eu le courage de se désigner pour sauver les leurs. Culpabilité d’envoyer l’un des leurs au trépas. Ils se baissèrent donc devant l’Homme qui avançait, le pas rapide. Cet Homme qui n’osait lever les yeux, de peur d’un probable sacrilège. Il ne se rendit par conséquent, pas compte de l’hommage silencieux que lui rendirent ses ex-semblables.

Steorn-l’Homme s’avança religieusement vers un autre nuage de Poussières dont s’échappait par volutes, des sons calmes et mélodieux. Maintenant, il allait pécher ! Comme les autres ! A la différence que c’était son devoir. Comme ses prédécesseurs, les ex-anges, les Hommes, il avait détruit un nuage gris. Ceux que les Hommes méprisent, haïssent. Ceux qu’ils craignent et évitent soigneusement. L’ange Steorn avait ressuscité d’un nuage de discorde, au contraire de certains anges qui avaient péris d’être entrés à l’intérieur. Il avait été martyr, presque bouc émissaire. Mais cela avait été son choix, et il l’assumait. Il pensait à sauver les autres en se dirigeant vers le détestable, la peur. Il s’était sacrifié pour les autres. Il était ange alors. Maintenant qu’il est Homme, il se dirige tout naturellement vers la facilité, le plaisir, le bonheur, vers une apparence d’aimable.
L’Homme-Steorn se place devant un nuage blanc crème, étend à nouveau les bras et s’offre en sacrifice au nuage d’harmonie. Il s’avance, prêt à être crucifié. Il se donne sous l’œil effaré de ses anciens congénères. Ces derniers se tiennent immobiles, à quelques pas de là, comme de peur d’être happés par le nuage.
En indigne Homme qu’il est, il n’a pas un instant d’hésitation et entre à moitié dans le nuage qui l’entoure doucement. Il s’enroule autour du pécheur, il l’enveloppe d’une douce tiédeur. ┘

Le parchemin est presque totalement effacé. Seules restent des bribes de mots. Altérée par l’âge, l’encre forme des lettres, disséminées sur les pages. J’en tourne deux et reprends tant bien que mal le fil du texte, essayant avec ma mémoire, de compléter ce qui a été effacé.

└ Depuis peu de temps qu’il s’était couché, la paresse avait déjà raison de lui. Il ferma les yeux, cédant sans la moindre résistance à cette envie. Et il s’endormit, bercé par un duo de harpe et de flûte traversière. Couché dans le néant, dans la tiédeur du rien, il cessa de se mouvoir.
Il se réveilla, longtemps après et se leva lourdement, reprenant conscience de son devoir qui était de sortir d’ici. Il se mit donc à marcher lentement, dans un état de semi léthargie. Au fur et à mesure qu’il se déplaçait, la musique variait. Ainsi, le piano avait pris le dessus sur la harpe.
Et il alterna entre un sommeil profond, dépeuplé de rêves, et une marche maladroite, sans but. Fussent des jours ? Des nuits ? Des mois ? Il n’y a pas de temps dans le néant. Il ne but ni ne mangea. Les mélodies qui l’entourait comblaient ses besoins, crut-il. De fait, Steorn-l’Homme ne vit rien venir. Il ne se rendit pas compte qu’il dépérissait à vue d’œil. S’il y avait eu quelqu’un pour le voir ! Mais personne ne vit dans le vide infini. Personne ne reste. Il y avait juste lui, un Homme hypnotisé. Un pantin articulé par la musique. Un quelque chose qui n’avait aucun désir de quitter cet immense paradis.

L’ex-ange s’arrêta de marcher au moment même où la musique ne se fit plus entendre. Le pantin s’effondra lorsque son marionnettiste lâcha les fils qui l’animait. Il reprit ses esprits et regarda autour de lui, vivement. Puis, prit d’angoisse, il se leva et courut devant lui, trébuchant sur des obstacles invisibles. Mas Steorn avait été privé de ses forces. Il s’effondra. La force bienveillante de la musique l’avait abandonné. (Lui avait-elle seulement été donnée ?)
Steorn ferma les yeux, toujours silencieux. Derrière ses sombres paupières, il fut ébloui. Une intense clarté rayonne. Alors il pose ses mains sur son visage, de façon à empêcher la lumière de lui faire mal aux yeux. S’il les ouvre, il en payera à coup sûr le prix fort. Il en serait aveugle. Malgré sa tentative d’empêchement, la luminosité s’est immiscée dans son regard et n’en sortira pas.
Mais elle diminue. L’Homme en est rassuré. Comme la musique, elle le réchauffe. Toujours couché, il s’endort.

Il rêve. Il rêve qu’il est couché. Couché au sol. Qu’autour de lui, un violon et une flûte de Pan invisibles font apparaître des arbres et des rochers. Puis ils se taisent. C’est maintenant à une guitare de faire naître quelque chose. Des montagnes à l’horizon, en perspective. Dans la plaine où le jeune Homme se trouve, une cithare et un luth enfantent d’un ruisseau. Sans transition apparente, Steorn sent son dos calé à un arbre. Il lève les yeux et reconnaît, loin au-dessus de lui, les branches d’un cyprès. L’arbre des cimetières. Ses mains sentent un objet dur et froid. Il baisse les yeux au contact du métal. Tout en le voyant et en le connaissant, il ne sait dire de quel instrument il s’agit. Il ne s’en rappelle plus. Un instrument à cordes. A neuf cordes. Il commence à jouer avec assurance. Une mélopée s’échappe des doigts qui pincent les cordes. Lente, lugubre. Funèbre. Aux premiers sons, l’ex-ange a une sensation étrange. Paradoxale par rapport à l’endroit de sa présence. Mal. Il avait mal. Il jette un œil à ses pieds. Ils brunissent. Ils se putréfient. Steorn souffre. Ses pieds le pique. Lorsqu’il veut se gratter, ils se désagrègent. Tombent en poussière. Mais cela le gratte encore à l’endroit où se trouvaient ses pieds. Et il continue de jouer. Il souhaiterait cesser. Il en est incapable car ses doigts ne lui obéissent plus. Ils sont devenus indépendants de lui-même. Maintenant, ils font partie intégrante de l’instrument. A présent, sa mélodie s’attaque à ses jambes, qui finissent aussi par saupoudrer le sol. La douleur augmente de plus en plus. Elle est insoutenable. Ca le gratte, le pique, le transperce sans que Steorn puisse faire quelque chose. Le bas du buste à présent. Mille abeilles invisibles plantent leur dard dans sa peau. Mais que peut-il faire ? Crier ? Il ne parle plus. Sa voix l’a quitté en même temps que son essence divine. Petit à petit, son corps s’émiette finement, retourne à la terre. Steorn, effaré, s’immobilise totalement. Au contraire, les doigts continuent de jouer avec les cordes. Les sons auxquels ils donnent naissance deviennent rapides, la mélodie, enjouée. Elle le rapproche d’autant plus vite de la fin. L’ex-ange ne cherche plus à faire taire ce bruit mortellement beau. C’est, en effet, le seul moyen de quitter cet endroit.
Ainsi, tout son corps disparut. Ses membres s’atrophièrent les uns après les autres. L’ancien être divin fut amputé de lui-même. Seuls restèrent ses doigts. Et encore, même pas eux puisqu’ils ne lui appartenait plus depuis qu’il les avaient posés sur l’instrument auquel il n’avait pas droit. Plus droit. Le divin n’est pas à la portée de l’humain. De plus, lorsque Steorn fut entièrement consumé, les doigts ainsi que l’instrument partirent en fumée. La source de musique des dieux, et ses doigts. La lyre et le musicien. Ils retournèrent en lieu supérieur.


FIN DU REVE SECOND

Tel fut le rêve de Steorn. Et ce dernier s’éteint en le terminant. Ce cauchemar douloureux. Car il avait ressenti tout ce que son lui-en-rêve avait subi.
Il, son corps se matérialisa devant les anges, faisant prendre de l’ampleur au nuage de musique charmante. Le visage du cadavre décharné était déformé par un rictus de douleur. Grâce aux plis du visage, on devinait des paupières closes très serrées. Ses yeux étaient celés par ses mains, posées dessus. A la gauche, les doigts étaient absents. Steorn avait treize fois douze lunes.
Et pour l’exemple, il venait de se donner la mort, donnant plus de puissance à l’un des nuages, qui rajouterait plus de victimes à son tableau de chasse. Car seuls les Hommes se laissent abuser par l’un de ces pièges mortels, pièges dont ni un Homme ni un ange ne peut ressortir vivant. ┘

Ce macabre récit me laissa perplexe. Sans voix. Je refermai prestement le livre. Au fond de moi, j’espérai et même jurai de ne pas avoir à ajouter à l’Histoire de notre clan, un rêve semblable. De ne pas avoir à imiter l’auteur anonyme de cette prophétie tellement négative.



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MessageSujet: troisième histoire du Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:27

REVE TROISIEME
└Le brouhaha qui régnait dans cet endroit était assourdissant et il fallait crier pour pouvoir se faire entendre. Ce qui était d’autant plus difficile que les hauts murs qui entouraient cette immense pièce faisaient résonner les très nombreux sons qu’émettaient les gens qui la peuplaient. Car moult personnes fréquentaient ce lieu pour le moins étrange : il s’agit d’une pièce très vaste dont on pourrait croire les murs invisibles ou même absents à première vue. Mais il n’en est rien ! Selon l’angle sous lequel on les regarde, certains renvoient des reflets ou bien éblouissent. La clarté y pénètre mais un matériau transparent empêche l’air saturé d’humidité d’en sortir. Au centre de cette pièce, deux énormes bassins, remplis d’eau ! Une eau dégageant une odeur singulière. Mais bien moins étrange que les coutumes vestimentaires des habitants de cette pièce. Coutume qu’il faut avoir vue pour croire à son existence. Ils sont presque nus. Hommes, femmes, autant qu’enfants ! Leurs habits leur collent à la peau, les diverses formes saillent. Les hommes ne portent qu’un minuscule cache-sexe. Certaines femmes ne portent qu’un vêtement qui leur couvre la poitrine, le ventre ainsi que le sexe. D’autres sont vêtues de deux bouts de tissus, laissant leur ventre à découvert. En tout cas, tous ont le crâne couvert par une sorte de seconde peau moulante. Leur tête semble allongée ou de forme si étrange que c’en était presque risible. Ils se meuvent et s’ébattent tous dans le liquide odorant avec autant de plaisir les uns que les autres. Certains enfants se jettent des balles aux couleurs aussi diverses et criardes que leur habit.

Pour se faire entendre, Ericka dut crier en s’approchant du centre du plus grand bassin. ◊ Eh ! Venez par ici, c’est plus profond !
◊ Attrape la balle, Ericka ! dit un garçon en lui lançant l’un de ces globe souple.
◊ Laisse tomber, c’est moi qui vais l’avoir, l’interrompit en riant une fillette blonde aux yeux verts, vêtue de rouge. Pour appuyer ses paroles, elle s’interposa entre lui et Ericka.
En réponse à ses propos, le garçon la plongea immédiatement sous l’eau en pressant ses mains sur la tête de la jeune fille.
Ericka s’avança dans le liquide aqueux qui entravait ses mouvements. Sourire aux lèvres, elle tira sur le bras du jeune homme pour libérer son amie de la forte pression que ce dernier exerçait sur elle :
◊ C’est bon, arrête de la couler, j’ai la balle ! annonça Ericka d’un ton léger et enjoué à l’adresse du garçon qui retira ses mains.
Comme la plupart des personnes présentes, ils se divertirent de cette façon jusqu’à ce que l’astre diurne ne soit plus qu’une boule rouge, basse dans le ciel.
Soudain, aussi silencieusement que faire se peut, la jeune fille blonde s’approcha derrière Ericka et lui sauta dessus, ses mains sur les épaules de son amie. Ericka fut totalement désemparée face à ce nouveau jeu inattendu. La force de l’autre fillette débilita Ericka, plus frêle. Elle fut immédiatement immergée sans avoir eu le temps de prendre sa respiration. Elle eut juste le réflexe de fermer les yeux.

Ses pieds nus contre le sol dur et caillouteux. L’air sec qui fait frissonner sa peau mouillée. Elle rouvre les yeux et les baisse. Effectivement, à ses pieds, il n’y a que de la pierraille, des gravats et de la terre brunâtre.
Devant elle, loin devant elle, Ericka aperçoit un mur de métal. Une grille faite de fils entrelacés très hauts. Il en va de même à sa droite ainsi que derrière elle. La lumière l’aveugle et elle ne peut ouvrir les yeux pour observer la géographie à gauche. Sans prévenir, une pensée désagréable lui traverse l’esprit. Elle se sent oppressée, encerclée. Elle ne peut pas s’échapper de ce désert de pierre. Elle se met pourtant en marche, suivant la grille, qu’elle agrippe de ses doigts fripés. Elle avance ses pieds. Elle les pose insensiblement sur les petits graviers anguleux qui jonchent le sol. Elle les traîne sur ce sol amputé de vie, totalement stérile.
Ericka jette un coup d’œil à sa gauche, les yeux toujours rivés au sol. Ce dernier s’affaisse, se creuse. Il forme une gigantesque combe d’une affreuse profondeur au fond étroit. Comme si l’on avait arraché à la terre une montagne inversée. A cette vue, la jeune fille serre plus fort ses doigts autour des fils métalliques entrecroisés. Car bien que la pente n’est pas très escarpée, cette dépression du relief l’inquiète. D’un pas hésitant, lent, afin de gagner en assurance, elle avance. Elle fait ainsi le tour immense de l’enclos sans trouver de porte de sortie à cet endroit vide de vie.



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MessageSujet: suite de la troisième histoire du Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:30

Sans s’en rendre compte, elle recommence à marcher. Au fur et à mesure de ses pas, sa démarche change. Elle devient plus chaloupée. La jeune prisonnière commence à se dandiner de droite à gauche. Elle avance moins vite. Son corps est couvert de poils grisâtres. Les doigts de cette dernière effleurent le sol. La peau de ces mêmes doigts devient calleuse, rude. Ses bras s’allongent. Sa mâchoire s’avance autant qu’elle s’agrandit. Les canines pointues de cet être saillent à travers sa lèvre supérieure et leur pointe apparente brille. Son acuité visuelle augmente. En effet, sa vision devient stéréoscopique. Mais va-ce lui servir ? En effet, le sol se rapproche inexorablement. Sa nouvelle morphologie n’est pas propice à une stature verticale. La néoténie s’affaiblit rapidement puis disparaît. A présent, elle se penche en avant, elle courbe l’échine, elle se déplace à quatre pattes. Elle prend appui sur les poings de ses membres antérieurs. Ses jambes se raccourcissent.
Cela ressemble à un Homme, mais c’en est à la fois tellement éloigné ! Ca court, ça saute plutôt, ou encore ça galope dans une danse souple et agile. Inconsciemment, elle s’éloigne de la bordure de sa grande cage pour se rapprocher du trou béant. La créature s’enfonce quelque peu. Elle galope encore mais des branches de buissons décharnés, calcinés, obstruent son champ de vision. Pour y remédier, elle lève le bras gauche et attrape une branche basse de l’un des arbres, lui aussi dénudé planté à ses côtés. Elle se hisse sur le bois à moitié mort et regarde au loin. Après un grognement de contentement, elle redescend de son promontoire puis reprend sa course, allant droit devant elle. Penser que la créature avance en ligne droite serait chimérique car elle effectue une rotation. Ainsi, elle ne fait que se rapprocher de son point de départ : un arbre énorme mais complètement décati. Paradoxalement, les branches ploient sous le poids des grappes de fruits à la douce couleur orange. Arrivée à ce point, l’étrange animal se pend à l’une des branches pour décrocher précautionneusement les grosses baies.

Comme précédemment, l’animal humain s’éloigne de l’arbre. Il descend dans l’enfonçure de la plaie béante de la terre. Il descend dans la fosse, mécaniquement. On sent que ce geste n’est pas du à sa volonté, n’est même pas dicté par sa conscience. La créature se lève sur ses pattes arrières pour entrer plus profondément dans le ravin, perpendiculairement à la pente. Une fois sur un petit terre-plein, elle balance lourdement ses pattes avant au sol. La douleur causée par sa colonne vertébrale était devenue insupportable.
Ses poils, à l’instant ternes, se teintent de reflets noirs. Son coccyx se déploie en une longue queue. Ses membres moteurs se raccourcissent, s’arquent. Les doigts rétrécissent aussi, se rapprochent les uns des autres et se figent ainsi. L’un vient pourtant s’élever et prendre place à l’arrière de la patte. D’imposantes griffes rétractiles apparaissent à leurs extrémités, mis à part le doigt arrière. Son poitrail se muscle. Sa tête s’affine et s’arrondit, tout comme les oreilles sont la taille diminue et se recouvre de poils courts et noirs. Son faciès n’est plus plat. En effet, un museau se forme, les yeux s’arrondissent au contraire de la pupille, une amande verticale noire, incrustée dans un fond mordoré. Impossible dorénavant de parler de bouche mais véritablement de gueule d’où jaillit une paire d’imposants crocs. Des armes fatales, une défense imparable.
Le nouveau félin s’avance lentement et silencieusement à travers les herbes hautes. Il se déplace en restant à équidistance du fond de la fosse. Contrairement à la bête qu’elle était auparavant, grossière et balourde lorsqu’elle se trouvait au sol, le présent animal, tout en souplesse et en rapidité est doté tant d’une démarche inaudible que d’un corps invisible, qui se fond dans les larges ombrages que jettent les arbres. Ce ne sont non plus des cadavres d’arbres, mais tout de verdure constitués. Pareillement, le sol n’est plus jonché de petites touffes de plantes jaunissantes mais d’un pâturage d’herbe grasse ainsi que de petites tâches aux couleurs variées. Le tout étouffe le bruit des pas. Le fauve marche lorsque soudain, la sensation d’un mouvement près de lui, tout près de lui, se fait sentir. Cette sensation est rapidement suivie d’un léger bruit : le froissement de l’herbe, impossible à détecter pour une oreille inattentive. Pas pour lui ! D’un bond, le félin atterrit dans un arbre, abrité par les feuillages, protégé du moindre danger terrestre. Un animal apparaît. Sa morphologie est très proche du cheval si ce n’est les rayures noires qui strient son blanc pelage. Sa queue aussi le différencie de son cousin équidé. Il ne s’agit en effet pas de poils longs et rugueux mais d’un long membre cartilagineux dont l’extrémité est marquée par une petite touffe de poils sombres. On peut encore remarquer une dissimilitude en ce qui concerne la crinière de l’animal. Celle du cheval est longue, rêche mais souple, ce qui n’est pas le cas chez cette bête, chez qui elle est assez courte, blanche et noire. De plus, elle se maintient droite sur la nuque du mammifère.
Le prédateur la voit arriver, prudemment. Il a senti l’inquiétude de l’herbivore qui lui, a senti sans parvenir à la localiser, la présence d’un danger. Il continue néanmoins de bouger en direction des arbres qui délimitent la plaine. Le carnivore plie les pattes afin de prendre son élan. Le mouvement de balancier de sa queue dans le vide ralentit. Il est prêt à se jeter sur l’étrange cheval. Au dernier moment, ce dernier lève la tête et aperçoit la mort en face. Il a le réflexe de s’immobiliser et regarde. Atropos lui rend son regard. Contre celle de peur de l’autre, c’est une lueur d’intérêt qui se met à briller dans le regard de l’animal noir. Une image lui traverse l’esprit, une flèche d’image. De l’eau. Des mains qui maintiennent sous l’eau. L’incapacité de respirer. Sans une hésitation, prit d’une folie quérulente, le félin bondit pour se réceptionner sur l’échine de l’être qui lui faisait face un instant auparavant. Sans attendre, ses griffes transpercent la chair de son piètre adversaire. Puis, d’un coup de dent, il arrache une partie de la gorge de ce dernier. Prise de panique, de douleur et de folie, la proie se met à galoper de toutes ses forces, laissant derrière elle le fauve qui a sauté de son dos, et un sillon écarlate marquer le sol. Le sang coule abondamment de la plaie béante, il gicle sous la pression des battements du cœur, excité par la course folle. Soudain, il choît, gît, s’immobilise. Et se fait rapidement rejoindre. On le déchiquette, le déchire, le dévore. Ainsi se finit cette singulière ordalie.┘


FIN DU REVE TROISIEME

Mon cœur bat la chamade. J’ai du mal à croire que ma lecture puisse être une prophétie. D’ailleurs, il m’est difficile de concevoir un futur obéissant à la description qui marque le début du récit. Ce genre de vêtement ne m’inspire que de la répugnance et de l’antipathie contrairement à l’endroit dépeint. Je doute aussi que les peuples puissent tomber en pleine décadence et même à un stade primitif. J’y réfléchirai ! Je me réjouis par contre d’avoir pu suivre le fil de l’histoire sans qu’aucune partie de cette dernière ait disparue. Paradoxalement, c’est ce rêve-ci qui me laisse le plus perplexe, celui-ci que j’ai le plus de mal à interpréter, bien que ce soit celui que je comprends le mieux du point de vue littéral.


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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeMar 26 Juin - 2:05

J'ai commencé à lire, et je voulais te dire cette erreur (je pense): "La pré-femme frissonne, trahissant sa tristesse ainsi que sa lascivité", lascivité, c'est le penchant aux plaisirs sexuels, de l'amour... je pense que tu as voulu dire lassitude...
Et pour ça: "La force de l’autre fillette débilita Ericka" débilita, je suppose que tu as voulu déstabilisa, plutot que débiliter la pauvre petite.... :to
Pis "la mauvaiseté", ça se dit pas, tout comme "l’enfonçure" (j'en ai lu qq autres comme ça) p:

Sinon c'est très fouilli je trouve, on s'y perd un peu... y'a des fautes de temps, d'orthographes et qq fautes de frappes (qui parfois change le sens...), j'ai du mal à suivre les détails de l'histoire, parce que le fil conducteur, ça va ^^
Par contre parfois les phrases perdent de leur sens à cause de tous les mots "recherchés" trop nombreux et parfois -je trouve- mal appropriés.
Certains passages, principalement les descriptions, sont lourdes et parfois redondantes...

J'ai été surprise quand j'ai compris que "scribeur" était un néologisme dérivé de scrib! Je ne m'attendais pas du tout à ça, je pensais que c'était quelque chose que je ne connaissais pas (mais purement fictif, fantastique ^^) donc j'ai été un peu déçue lool (mais c'est tout minime ça Wink )

Dans le rêve troisième, la prisonnière est humaine non avant sa métamorphose, et en fait une vision stéréoscopique est une vision binocculaire, c'est à dire à deux orbites occulaires, deux yeux... donc l'humaine l'a déjà cette vision...
Pis après, au cours du récit, tu dis "Atropos lui rend son regard", mais ça vient comme ça, on ne sait pas du tout qui sait... alors peut-être que c'est la prisonnière/félin mais c'est pas très joli si c'est ça, ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe p:


Voilà pour ma critique p: Mais je t'encourage à continuer, tu as de l'imagination! ::
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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeDim 23 Sep - 13:25

the fourth part

REVE QUATRIEME


Nous étions à la maison. Eux ; moi. Il pleuvait.
Pour mettre fin à notre ennui, quelqu’un apporta un jeu de société. Je ne le connaissais pas, jamais je n’en avais vu de semblable. De toute façon, la boîte était encore emballée. Un petit garçon aux cheveux noirs prit donc le jeu afin de retirer le papier transparent puis enleva le couvercle avec peine, à cause de l’appel d’air. A l’intérieur, des plaquettes colorées s’empilaient, légères mais résistantes. Toutes étaient fines à peu près de l’épaisseur du fil d’une épée, sauf une, la première, aussi épaisse que trois des feuilles empilées. Il y avait plusieurs sortes de plaquettes. En effet, le garçon attrapa la première et la déplia et la posa au sol. Ainsi, elle était quatre fois plus grande. Il restait deux feuilles dans la boîte. Sur l’une d’elles, on pouvait voir des objets, des êtres étaient dessinés sur la seconde. Non. Pas dessinés. J’aurais du mal à définir cet art. On aurait dit une peinture étrange. Je ne reconnais pas ces êtres, mais ils ne sont pas tous humains. J’ai l’impression qu’il s’agit d’un jeu de loi. La fillette à mes côtés attrapa les plaquettes et sépara les objets dessinés ainsi que les personnages de leur support en appuyant sur ces derniers pour ensuite les placer n’importe où sur le plateau de jeu. Un instant, mes yeux se closent.

Pour s’ouvrir malgré moi. Je suis dans l’eau. Dans une eau profonde quoique tiède. En effet, après avoir regardé le ciel bleu au-dessus de moi, dégagé de tout nuage puis examiné le fait qu’il est impossible d’apercevoir le fond de l’eau malgré sa transparence, j’en déduisis qu’il était loin, très loin au-dessous de moi. Tout en battant des jambes dans le liquide clair, je tournais sur moi-même. Je me trouvais dans une sorte de cité engloutie, dans une rue immergée, plus précisément. L’impression de vétusté qui se dégageait des bâtiments, tous de la même hauteur, me faisait penser à une cité antique, en raison des imposantes maisons, faites d’énormes briques de grès. Cependant, les maisons datant de l’Antiquité ne sont pas étagées. Or, c’est le cas ici. Je remarquais aussi que les fenêtres de chaque bâtiment comportaient de grosses piques noires, que la lumières du soleil, faisant briller les pointes, rendait d’autant plus effrayantes. D’ailleurs, tous les trous ou ce qui pouvait être un passage vers l’intérieur des bâtisses était condamné par ces aiguilles noires.
Soudain, j’aperçus un étrange tas verdâtre qui flottait près de moi. Je n’aurais pu dire ce que c’était. Pour le savoir, je me rapprochais du sac et l’attrapais, pour le lâcher aussitôt en raison de la matière dont était composé l’objet. Il était gélatineux, souple mais non moins solide. Ce réceptacle avait deux excroissances, comme deux longs bras, verts et gluants, eux-aussi. Faisant fi de mon dégoût, j’agrippais les excroissances puis nageais vers le bâtiment le plus proche, situé à environ dix bras de moi. Environ un bras et demi au-dessus de moi, j’apercevais une sorte de plateforme, clôturée de lances noires. Plusieurs fois, je tentais d’attacher les extrémités du sac à l’une des ces piques, en les nouant entre elles, mais c’était difficile en raison du poids du sac, imbibé d’eau. Quand ce fut finalement fait, je déchirais le fond du sac. Des choses churent dans ma main gauche, placée sous le trou. Je les fourrais dans ma poche, sans même y jeter un coup d’œil. Je remarquais simplement cette sensation, inconnue, particulière, agréable.
Tout à coup, j’entendis un son, une voix pesante et monotone. Je m’agitais, regardant tout autour de moi dans l’espoir de dénicher le détenteur de ce bruit, la source de vie qui régnait sur cet endroit. Mais j’en fus incapable. Tout redevint silencieux. Je connaissais enfin le sens de l’expression « silence de mort », une sensation d’angoisse et d’oppression. On aurait dit que le poids des maisons et de l’eau étouffait chaque son. Puis la voix résonna à nouveau, pour dire qu’une issue, invisible pour l’instant, existait néanmoins. Suite à ce regain d’espoir, je recommençais à nager. Cependant, chaque endroit où se posait mon regard n’était qu’une suite sempiternelle de piques, de lances, de dards, de pierre couleur de sable, puis de nouveau d’aiguilles, enracinées également dans les murs, comme si l’espace entre chacune d’elles avait été calculé minutieusement. La distance (puisqu’elle est toujours la même) était assez respectable pour que l’on puisse voir au travers sans être gêné (quoiqu’il n’y eut pas grand chose à voir, tout était vide dans les pièces des maisons accessibles au regard incongru), mais assez étroite pour qu’on ne soit capable de s’y faufiler : environ la longueur d’une main. Gardant le regard fixé sur l’alignement des lances, assez loin devant moi, alternant les coups d’œil à droite et à gauche, je nageais durant un moment. Mon regard s’était habitué à cette même distance, c’est pourquoi je remarquais sans mal l’imperfection qui gêna mon regard : un espace suffisamment large pour permettre à une personne de passer (environ une main et demie). J’attrapais une des piques encadrant l’espace dans chaque main et tenta de me tirer hors de l’eau, en contractant les muscles de mes bras mais mes mains glissèrent jusqu’à la base du matériau noir et luisant. Mes poignets étaient pressés contre le rebord anguleux du mur. Plus je tirais, plus je glissais, plus je souffrais. Mes poignets ne pouvant plus supporter d’être ainsi malmenés, je lâchais prise. Comme plus rien ne me retenais, l’eau me submergea. J’avais l’impression que le bout de mes doigts battait, comme si mon cœur s’était divisé en dix. Puis je constatais avec joie que le contact avec l’eau, plus fraîche que ma chaleur corporelle, apaisait mon mal. C’est alors que je me mis à regretter l’absence du temps, ou plutôt de la notion à laquelle elle était associée. J’éprouvais, sans pouvoir dire pourquoi, l’impression d’être là depuis des heures, même si paradoxalement, je ne ressentais aucune fatigue due à la nage. De plus, la position du Soleil restait inchangée : lorsque je levais ma main en direction du ciel épuré, il y avait toujours une distance d’environ une main entre le haut des bâtisses et l’astre incendiaire. J’eu ensuite l’idée d’observer les murs mais aucune entaille, rien qui n’aurait pu constituer un appui n’était visible. Avec un soupir (dont le but était de me redonner courage), j’attrapais à nouveau une pique, à deux mains et me tirais hors du liquide transparent, avec forces efforts, tout en essayant d’ignorer mes poignets douloureux. D’un coup, je réussis à mettre mes coudes sur le rebord du mur, chacun entre deux piques, à cause de l’espace trop restreint entre chacune. Afin de ne ma retomber, j’avais coincé mes coudes autour des lances. Ma poitrine était écrasée contre la pierre, compressant mes poumons. Je peinais à respirer. Les bras toujours autour des piques, j’agrippais ces dernières à pleines mains et tendis encore mes muscles, me tractais hors de l’eau, levais ma jambe gauche, la balançais par dessus le mur pour ensuite coincer mon pieds derrière une lance.
Tel fut le moyen employé pour me sortir de l’eau, haletant de fatigue et cherchant à reprendre mon souffle. Je ne savais si les gouttes qui perlaient sur mon visage étaient d’eau ou de transpiration. Lentement, je me relevais, inspirant profondément. Puis je jetais un regard autour de moi, ébloui par l’infinité de flèches lancées par l’astre solaire qui trônait magistralement au-dessus de moi. La lumière m’aveugla, je baissais les yeux.je n’avais pas d’ombre. Il n’y avait pas d’ombre. Nulle part. Ce monde était-il réel ? Comment savoir ? Qui le saurait ? Pas moi, à l’évidence.

Je relevais les yeux et me rendis soudain compte qu’une chose se tenait face à moi, à environ quatre bras de moi. C’était un être terriblement étrange que je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir. D’ailleurs, j’aurais du mal à le prendre pour un Homme. Il en avait cependant la morphologie. Mais ressemblait aussi bien à un macchabée. Celui-ci était totalement nu. Dans les légendes, ce sont les cadavres des personnes de sang royal. Après leur embaumement, ces macchabées quittent leur enveloppe matérielle pour devenir des êtres divins. Etait-ce le cas pour ce corps-ci ? Que faisait-elle ici ? Maintenant ? Je n’eus pas le temps me poser des questions dont je n’aurais probablement jamais de réponse car déjà, la créature fonçait sur moi, les bras flottant derrière elle, aussi léger que la plume. L’espace d’un instant, ces bras m’attirèrent, du fait de leur gestuelle, légère, gracieuse, semblable à une danse.
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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeDim 23 Sep - 13:27

Puis c’est le sursaut. Le réveil. Le brusque retour à la réalité me fait réaliser l’ampleur de l’horreur qui s’apprête à m’enlacer. Je me remets à courir à en perdre le souffle. Pendant que nous épousions la bordure de la plateforme, une énergie nouvelle s’insinue en moi : celle que seuls connaissent ceux qui jouent leur vie. J’allais à toutes jambes mais la momie était toujours sur mes talons, inlassablement, sempiternellement, ne se fatiguant pas malgré l’allure et la durée de la course, qui me paraissait à moi, interminable. Vint un moment ou je ne me sentis plus la force de courir une brassée de plus, ni assez de raison pour réfléchir posément. Alors je me retournais. L’Etre se figea et elle me parût beaucoup moins gracieuse, rendue gracile par l’immobilité, par sa position lourde et avachie. Je me rendais compte à présent de la démesure de ses membres, bruns de terre, secs, de sa peau tendue sur des os dont on ne pouvait que supposer l’existence. Ces membres pendouillaient mollement je me demandais comment ses jambes, maigres, rachitiques pouvaient supporter son poids, qui me semblait infime cependant. Sur un coup de tête, je plongeai ma main gauche dans la poche de mon vêtement. Mes doigts se fermèrent sur les objets précédemment contenus dans le sac vert. J’en saisis un et le jetai de toutes mes forces sur le monstre en face de moi. Impossible de décrire justement les objets dont j’étais à présent le détenteur. Impossible de rapporter fidèlement ce qi suivit. Jamais telle situation ne s’était présentée à moi. J’avais un poids assez conséquent dans la main ; pour la taille de la chose du moins. Quant à sa matière, j’en restai dubitatif. D’une certaine façon, c’était comme jeter du vide loin de soi. L’objet, si l’on peut le qualifier d’objet, présentait une variation d’apparences : tantôt opaque, tantôt luminescent, tantôt noir et flou, puis invisible, tantôt blanc aux couleurs changeantes, miroitantes. Une ellipse scintillante ; granuleuse et brillante. Et pourtant une chose inconsistante, en dépit de sa masse.
J’en projetai plusieurs à la suite, mais la momie évita la première salve. Sans attendre, je repris mes jambes à mon cou. Comme anticipant chacun de mes gestes, mon poursuivant reprit sa course. Puis je pilai, fis volte-face et balançais à nouveau quelques nébuleuses scintillantes. La créature, qui avait à présent cessé de filer, recula puis s’accroupit. Les armes filantes lui passèrent au-dessus. Effaré par tant de célérité, j’abandonnais l’offensive et fendis l’air à nouveau, à l’instar de l’Etre semi-divin. Une douleur dans mes jambes me lancinait et j’avais de plus en plus de mal à lever les genoux. Fatalement, je trébuchais et m’affalais au sol. Cependant j’eu le réflexe d’avancer les bras et présenter la paume de mes mains au dallage afin d’atténuer le choc. J’évitais ainsi d’offrir ma tête et mon visage à la pierre. Je me retournais rapidement sur le dos pour lancer quelques uns des objets de ma poche à la volée. Tout d’abord, je visai les jambes, puis remontai progressivement vers le bas-ventre, le ventre, le buste puis la tête de la chose qui me suivait comme mon ombre. J’avais une chance de reprendre le dessus car étant dans l’incapacité de se pencher, elle ne pouvait qu’esquiver par les côtés. Mais ma maladresse était là pour la priver de cette alternative. Je touchai donc ma cible. A son contact, les sphères de vide grumeleuses se volatilisèrent mais ne laissèrent pas mon opposant indemne pour autant. En effet, là où il avait été atteint, les nébuleuses avaient laissé des creux. Des vides. Des marques aussi floues et informes que leur cause. Tout d’abord, ces quelques trous ne semblèrent pas gêner l’Etre, qui ne cessait de se rapprocher de moi, mécaniquement. Les coups d’œil qu’il jetait aux crevasses qui maculaient son corps hideux saccadaient sa marche. Car chaque fois qu’un de mes projectiles l’atteignait, il s’arrêtait et glissait des yeux éteints, vides sur l’irrépressible métamorphose qui s’opérait sur son enveloppe charnelle. Puis la créature relevait la tête dans ma direction, recommençait à me fixer de manière indolente, presque morte, et se dirigerait à nouveau sur moi, calmement. C’est cette étrange sérénité qui me perturbait. Elle me terrorisait autant qu’elle m’exaspérait : on aurait dit que mon poursuivant était convaincu et cherchait à me faire sournoisement comprendre que j’étais à sa merci et que la fatalité ne m’offrait s’autre alternative qu’essayer désespérément, vainement m’éreinter pour sauver ma peau. Je tournais en rond dans un piège. Piège qui dépassait mon opposant. Un piège dont il n’était que l’une des pièces.
Lorsque l’Etre ne fut plus qu’à cinq brassées de moi, je lui tournais vivement le dos et me mis à courir. J’avais mis à profit les quelques instants de répit pour reprendre mon souffle et trouver le moyen de m’échapper ou au moins, me débarrasser de la créature. Je n’en trouvais pas. Elle m’inspirait un dégoût et une terreur que je n’aurais su nommer. Par conséquent, j’éliminai d’emblée l’idée d’un corps à corps. D’autant plus que la taille de ses membres, ainsi que son apparente insensibilité à la douleur à la douleur ainsi qu’à la fatigue lui conféraient un avantage non négligeable. Autrement, je ne voyais pas l’intérêt de retourner dans l’eau : j’avais nagé au cœur de nombreuses rues sans avoir remarqué la moindre échappatoire et même sans avoir parcouru toutes les allées, j’avais la conviction qu’il n’y avait qu’un moyen pour pouvoir aller plus loin. Moyen qui était de terrasser le monstre humain qui se trouvait face à moi !
En dépit d’un moyen d’agir différent, je réitérais mes assauts. Au bout de quelques dizaines d’envois, la créature stoppa sa progression sempiternelle, de façon progressive. Ses bras cessèrent leur balancement quasi-hypnotique, aligna les pieds, fléchit les genoux et rentra la tête. On eut dit qu’elle se renfrognait bien que je doutais qu’elle pût éprouver le moindre sentiment. A présent, ses bras étaient à la verticale, immobiles, raides, la créature éventuellement prête à se jeter en avant et agripper sa proie. Ses yeux, immobiles, qui me sondaient probablement à travers leur opacité, dénués de toute lueur vitale.
Moi aussi, je restai sans bouger, me demandant ardemment ce qui allait advenir. Mon angoisse ne cessait de croître à cause du manque d’action, à cause de l’impossibilité d’agir. Je ne pouvais qu’attendre ; attendre que quelque chose survienne, quelque chose d’inconnu, quelque chose, une situation que je ne serai peut-être pas en mesure de maîtriser ; et cela me tourmentait.
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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeDim 23 Sep - 13:28

Et soudain, la voix. La même qui s’était déjà adressée à moi, grave, monocorde. Je n’aurai su dire si le message était délivré par mon agresseur car les lèvres sèches et craquelées de ce dernier restaient figées. Cependant, il me semblait que l’intensité de la modulation était plus forte dans sa direction et allait se perdre dans mon dos, là où les mots ne servaient plus à rien.
◊ Retourne d’où tu viens car la sortie est là-bas et ici. ◊
Et ce fut tout. Immédiatement, je me rassérénais et tournais sans crainte aucune, le dos à la singulière présence pour me diriger vers les piques, là où l’espace était suffisamment large pour permettre à une personne de passer. Dans mon angle de vision, j’aperçus la silhouette floue de la créature se mettre en marche, calmement, docilement. A présent, l’avoir à mes côtés me rassurait. Je ne sentais plus aucune animosité émaner d’elle.
Une fois au bord de la plateforme, je m’assis, jambes ballantes au dessus de l’eau et me laissai précautionneusement glisser dans l’aqueuse. Le contact du liquide ne me fit ni chaud ni froid. Je m’écartai de bâtiment afin de laisser la possibilité à mon compagnon de descendre de la plateforme mais ce dernier ne me suivit pas aussitôt : il pencha la tête en avant et indiqua la partie immergée de la bâtisse où nous nous trouvions quelques instants auparavant. Machinalement, je suivis la direction qu’il signalait et discernais une tache foncée à un bras environ sous l’eau. Mais elle était rendue floue voire informe par les rides que je provoquais à la surface. La nuance de couleur de la tache était infime par rapport à celle du bâtiment et jamais je ne l’aurai distinguée si l’on ne me l’avait montrée. A tâtons, je touchais le mur des pieds afin de découvrir la nature de cette singulière obscurité. C’était un trou, parfaitement circulaire. Je levai les yeux, un air inquisiteur affiché sur mon visage. Mon interlocuteur ne bougea ni ne fit le moindre signe de dénégation. Je pris donc une grande bouffée d’air et m’immergeais. Les yeux ouverts sous l’eau, dont le contact ne me gênais nullement, je m’avançais dans le tunnel. Je m’enfonçais dans cette ouverture large d’un bras et demi et malgré cela, la clarté dans laquelle nous baignions, mon compagnon et moi, ne diminuait pas. Il faisait assez clair pour pouvoir bouger sans se heurter aux parois du corridor de pierre. J’avais l’impression que nous nous mouvions dans l’aqueuse depuis une éternité mais sans ressentir le manque d’oxygène. Heureusement, car l’harmonieuse grotte était totalement remplie d’eau. Une crainte de plus s’évanouit.
S’il n’y avait pas eu ce mur en face de moi pour m'arrêter, jamais de n’aurai remarqué l’ouverture au-dessus de ma tête. En effet, on retrouvait une clarté similaire à l’intérieur du tunnel ainsi qu’à l’extérieur. Je sortis de l’eau pour engloutir une goulée d’air impressionnante en dépit de ma précédente apathie à ce manque. L’air ambiant était à peine plus frais que l’aqueuse.
Tout était immobile, l’espace et le son. J’assistais une scène figée. Moi-même, j’en oubliais de respirer tellement la vue qui s’offrait à mes yeux était époustouflante. Une véritable chambre de régisseur. Sobre et exotique à la fois : de grands gobelins dont la majorité des tons se rapprochait du pourpre ornaient les murs de pierre. Malheureusement, la vétusté avait fini par attaquer les tentures avec la férocité du plus enragé des fauves ; et à présent, il était impossible de distinguer les motifs représentés…à mon plus grand regret ! Les murs de la chambre n’étaient pas de longueur égale. En effet, à ma gauche, un peu en face de moi, un pan s’avançait pour me celer ce qui se trouvait derrière. Néanmoins, je voyais dépasser les pieds d’un lit à baldaquin dont les draps ainsi que les longs rideaux vaporeux formaient une parfaite harmonie avec les gobelins suspendus aux murs, de par leur couleur. La pièce s’étendait à une vingtaine de bras devant moi, sept à ma droite, et environ la même chose à ma gauche. A droite ainsi que face à moi, de hautes fenêtres laissaient entrer la lumière. Une lumière toujours égale à elle-même : jamais plus vive, jamais plus fade. Des colonnes d’une main d’épaisseur séparaient ces ouvertures dans la roche, larges d’à peu près deux bras et s’élevant sur quatre bras. Elles atteignent le plafond et étaient supportée par un muret d’une hauteur d’un demi-bras. Je restais coi devant ces élégantes allégories de la liberté.

Et subitement, mes sens détectent un mouvement. Je tourne la tête à gauche et entend plus que je ne vois, le froissement des draps qui font du lit, un monde clos. Je vois aussi une ombre singulière s’activer nerveusement à travers le tissu. Il m’est impossible de décrire nettement la forme de vie derrière le drap. Immédiatement, je sens la peur fleurir et s’égrener dans mon ventre puis remonter en une boule grossissante du fond de ma gorge. Qu’est-ce qui se dérobait à ma vue ? Etait-ce nocif ? Avais-je le rôle du menacé ou du menaçant ? Que devais-je faire ? Comment se comporterait l’Etre à mes côtés ? Etais-je à nouveau victime de quelque malice ? Un jeu ? Fort de toutes ces interrogations éperdues, j’eu un mouvement de recul avant de me tourner vers mon ancien agresseur…qui avait gardé une contenance statique. Ce qui m’avait rassuré auparavant ne faisait qu’exciter mon anxiété. Au fond de moi, je réalisais l’absurdité de la situation au fond de laquelle je me débattais. Je faisais preuve d’une témérité que je me découvrais seulement…et regrettais déjà ! Où étais-je ? Quelle était la raison de ma présence ? Quels étaient les enjeux ? Pouvais-je me permettre d’échouer ? Echouer à quoi ? Face à qui ? Qui étaient-ils, eux, qui m’encerclaient ?
Un autre mouvement, provenant cette fois, d’à mes côtés, me tira de mes questions stériles. Ce regain d’activité, qui n’avait rien d’alarmant en soi, me fit sursauter. En effet, venant de mon compagnon, c’était comme inhabituel, et sa réaction, ambiguë : il s’écarta de moi à reculons. Etais-je offert en pâture ? Un animal qu’on observe lors d’un combat, et sur lequel on parie, bien à l’abri au fond de son siège ? Ou bien étais-je l’objet d’un test ? Ou encore, essayait-t-il par ce moyen, de me faire de la place ? De se protéger ? A présent, j’avais été jusqu’à me persuader qu’il ne fallait rien attendre de bénéfique de l’inconnu dont l’attitude cavalière ne cessait de me désarçonner.
Mais mon attente tendue arriva à son terme. Et un énorme reptile glissa au sol, entraînant des pans de drap avec lui. Sans pattes mais doté de canines aiguisées à la longueur impressionnante, environ un sixième de bras, l’équivalent de mon majeur. J’éprouvais cependant des sentiments ambivalents. D’effroi face à ses dents et une expression que l’on pourrait qualifier de fourbe : des yeux jaunes et luisants ainsi qu’une sorte de grand sourire. De plus, sa langue qui dardait sonnait tant comme un défi que comme une mise en garde. Néanmoins, la morphologie grossière de l’animal prêtait à une dédramatisation de la situation. En effet, son corps aussi large que moi était rond et annelé, court et azuré. Son corps était parcouru d’une vingtaine d’anneaux d’une main et demi d’épaisseur.
Nous nous fixions et son regard hypnotique me faisait oublier toutes mes questions. A ma droite, mon compagnon apparut dans mon champ de vision, anéantissant mon état de fascination. Je secouais la tête et mobilisais une concentration totale sur le moindre geste que la créature tenterait d’esquisser. Le serpent recula jusqu’à l’une des ouvertures pour s’adosser contre l’une des colonnes sans me quitter des yeux. Quant à moi, j’évitais de croiser son regard et glissais progressivement mes mains dans mes poches, à l’intérieur desquelles j’avais réparti les nébuleuses. Je saisis ces dernières de mes poches, poings fermés. Cette préhension me rassura quelque peu. Malheureusement, j’imagine que ma petite manœuvre n’échappa pas à mon opposant car sa langue carmin cessa de fourcher. Il éructa un son rauque de sa gorge. Un râle auquel se mêlait une expiration laborieuse. N’attendant qu’une réaction de sa part et décidant de ne pas me laisser prendre de court, je lançais les armes semi-matérielles. L’autre tenta d’éviter. Vainement. L’une d’elles atteint le troisième anneau n débutant du haut, quant à l’autre, il rasa le faite de sa tête. Je dénotais avec abattement l’absence d’effet. Uniquement l’intensification du râle ainsi que la mise en mouvement de la créature, qui s’avança lentement vers moi, sournoisement. Instantanément, je saisis deux pleines poignées de nébuleuses et les jetai unes à unes. Je me disais qu’en atteignant le même point chez mon adversaire, à plusieurs reprises, je pourrais peut-être faire éclater sa carapace protectrice. Futiles efforts ! Des tremblements me saisirent au fur et à mesure que la distance nous séparant se réduisait, bien qu’elle ne diminuât pas rapidement. Je lançais un coup d’œil affolé à l’étrange être animé à ma droite qui ne fit pas mine de couloir m’aider. C’est alors que j’eus un mouvement de pur égarement, dû à l’affliction : je repris des armes volantes et les projetai sur mon ennemi, qui affichait son éternel sourire. Malgré le peu de poids dans mes mains, elles allèrent heurter le sol à quelques bras de moi. Mais sans se séparer, comme si elles s’étaient fondues entre elles pour n’en former qu’une seule. De plus, loin de s’arrêter, elles continuèrent de filer au sol, comme ayant gardé la force de la projection, et ignorant toute résistance comme le choc du contact avec la pierre. Lorsqu’elles affleurèrent le dernier anneau du serpent, celui-ci disparut. On aurait dit que les armes nébuleuses avaient absorbé ou rongé l’extrémité du corps de mon opposant. Ce dernier s’immobilisa et lança un regard interloqué à l’endroit où se trouvait son membre, un instant auparavant. Puis il leva de grands yeux furibonds dans ma direction et se mit à feuler, ouvrant une gueule béante. A quelques brassées de là, j’étais totalement inerte, en proie à la pétrification. Je revins à moi lorsqu’il se remit avancer, toujours aussi lentement. La question qui martelait mon esprit était « pourquoi cette mollesse ? » Pour la même raison que l’Etre à demi-vivant sur la plateforme ? (Ou du moins, celle que je lui avais prêté : par sournoiserie ?) Ou existait-il une autre raison ? Je doutais que ce fut le poids de son corps qui l’handicapait autant. Loin de rester apathique pendant mon monologue intérieur, j’avais recommencé à faire glisser (ou rouler, car je n’arrivais à me décider pour l’une ou l’autre appellation) mes armes au sol. Plutôt que de rassembler les petites boules de vide ensemble afin d’en obtenir une plus importante, je décidais, même si mes assauts devait mettre plus de temps, de les lancer les unes après les autres, sans viser le même endroit. En bref, je renouvelais la stratégie dont j’avais usé lors de mon précédant combat. De fait, le résultat qui en découla fut similaire. Qans que je comprisse pourquoi, le reptile avait à nouveau reculé contre la colonne et arborait toujours son rictus, tous crocs sortis. Pris de frénésie, je jetais sans cesse de petites armes brumeuses au sol qui allaient pour la plupart, atteindre mon opposant, à présent inactif, et tout d’un coup, il perdit…┘

Malheur ! Le texte devient illisible d’ici jusqu’à la fin et je distingue à peine, une demi-page plus bas, la marque « FIN DU REVE QUATRIEME ». Je ne peux réprimer un soupir de déception. Intérieurement, et out en sachant que je n’y pouvais rien, je me sentis envahi par un sentiment de culpabilité, dû au fait que personne n’aurait plus accès à la totalité de la prophétie, et a fortiori, l’aboutissement de cette dernière. Cela conduisait à un avenir de plus en plus incertain, voire dangereux.
Enfin, je réalisais de plus en plus clairement l’urgence qui me menaçait. Moi…et tous ceux de mon clan. Et cela me faisait prendre conscience de la responsabilité qui pesait sur moi.
Sans attendre, je rouvrais l’ouvrage et me replongeais dans la lecture, concentré.
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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeMer 5 Déc - 18:40

L’atmosphère est lourde au beau milieu de la saison chaude. J’étouffe sous ma soutane. Afin de capter le moindre petit souffle d’air un peu frais provenant de l’extérieur, je remonte mes manches puis relève le bas de mon vêtement, jusqu’aux genoux. Je présume que ce sera bientôt le moment de déjeuner.


REVE CINQUIEME



… Forêt... Je suis dans la Forêt. L’air est humide & musqué. J’ai l’impression de sentir du sucre. C’est agréable. Je tourne sur moi-même et je ne vois que des conifères. Un bruit sourd et pourtant clair met mes sens en alerte. Le bruit m’environne, je ne sais où poser mon regard affolé Je me retourne. Je ne vois que des sapins mais le grondement se rapproche & sa tonalité croît. Tout à coup, devant moi, une Chose… Une Chose d’une vélocité étonnante, effrayante. Immédiatement, je recule, je trébuche, & faute de pouvoir me rattraper à quelqu’objet, je me retrouve à terre, assis sur un tapis mou de feuilles mortes un peu humides. La Chose passe devant mes yeux ébahis, sans s’arrêter, sans ralentir puis disparaît entre les arbres. Elle emporte avec Elle le chaos qui martyrisait mon ouïe Après réflexion, on aurait dit une Limace géante, avec la bave en moins. Une question darde dans mon esprit : est-ce qu’un animal de cette nature, ayant une taille normale, fait ce genre de bruit, mais tellement doucement qu’il est imperceptible pour un Etre Humain ? Dans ma tête, je visualise mon expression abasourdie. A cette pensée, un rictus dédaigneux envahit mon visage.
« Je me fais pitié ! Une Chose innocente & me voici affalé sur le sol ! »
Je me relève, époussette mes vêtements clairs & reprends ma route. Mon esprit, piqué de curiosité prend l’initiative de me faire suivre le trajet emprunté par l’étrange Limace couleur de cendre et flamboyante à la fois.
Au bout d’un long moment, j’entends derrière moi le même bruit qui m’avait laissé effaré. Je me retourne & me vois obligé de mettre ma main en visière car le soleil déclinant trouble mes sens. J’aperçois ce monstre qui file à toute allure dans ma direction, comme un fou ! Il se rapproche…
Sa forme allongée passe devant moi. Ca s’arrête ! Que faire ? Ma main, tremblant un peu s’approche doucement de la carapace de la Chose. A quoi est-ce que je m’attends ? Ma curiosité irréfrénable me transit. Quelle sensation offrira le contact de cette Limace à l’aspect plus que ferme ?
Froid ! C’est froid & immobile. J’avoue que je ne m’y attendais pas. Surpris, je retire ardemment mes doigts, dont l’extrémité seule a touché la Chose. Par mesure de précaution, je les regarde : ils sont identiques. Je pensais sentir les battements du cœur de l’étrange animal se répercuter en moi mais rien ! Rien qu’un froid sec & glaçant !
Soudain, la Chose se creuse ! En face de moi, il y a un trou ! En suis-je responsable ? Est-ce mon œuvre ? Je reste perplexe devant l’étrangeté de la situation : j’ai déjà eu l’occasion d’observer l’intérieur de nombreux animaux. Je sais de quoi est constitué un gastéropode… & ça n’a rien à voir avec ce que j’ai sous les yeux. Je passe la tête à l’intérieur de la bête. Rien ne bouge. Rien ne vit. Rien n’est rouge. Rien ne palpite. A présent, je remarque que même les stridences lancinantes émanant de la chose se sont tues mon cœur bat la chamade je sens dans mon dos ruisseler des perles acides. Mes mains deviennent moites. Néanmoins, je pose un pied dans la Chose.
& subitement, le sifflement reprend. Ne m’y attendant pas, je sursaute & pousse un cri aigu. Involontairement, j’effectue un pas en avant pour entrer complètement dans le ventre de la Bête. La blessure de son corps se ferme d’un bloc & me voilà pris au piège. La sueur coule sur mon visage, dans mon dos, dans les plis de mes coudes & ceux de mes genoux. Mes muscles se relâchent. Je sens avec un frisson l’urine couler le long de mes jambes, imbiber mon pantalon. Des gouttes rejoignent le sol. C’est trop ! Je hurle. Ma voix est méconnaissable, elle me crève les tympans. Mes mains agrippent ma tête & la compressent douloureusement. Mes doigts se crispent. Mes tempes me font affreusement souffrir ! Je vocifère de toute la puissance de mes poumons ! J’oublie de respirer ! Je m’arrête ! J’halète ! ... J’ai mal à la tête. Mes oreilles palpitent ! Mon crâne aussi, de concert. Un râle puissant surgit du plus profond de ma trachée. Comme un bébé, je hoquète. Les pleurs coulent à flot sur mes joues & je suis incapable d’arrêter. Mes genoux cèdent sous moi. Je m’affale comme une masse, tombe à quatre pattes, me recroqueville sur moi-même & continue à pleurer, mi-hoquetant, mi-reniflant. Mes épaules tressautent malgré moi. J’ai honte, je meurs de honte. & si quelqu’un me voyait dans cet état ? Comment pourrais-je justifier un tel comportement ? Qu’aurais-je pensé d’une personne se présentant à ma vue, dégoulinante de larmes, de morve & d’urine ? N’aurais-je pas méprisé ouvertement un être doué d’intelligence se roulant à terre ? Se vautrant dans sa pisse ? J’en aurais ri aux éclats, en effet, je m’en serais roulé par terre, me tenant le ventre, haletant, hoquetant, tentant de retrouver mon souffle !
Il est surprenant de constater comment deux situations opposées mènent à des réactions similaires.
Pour le moment, je tentais de calmer les folles pulsations de mon cœur, commençais par me taire, m’immobiliser, respirer profondément. Je fermais les yeux & me vidais la tête. Je sombrais.

Je me réveillais sans savoir combien de temps mon sommeil m’avait accaparé. J’avais froid. La peau de mon entre-jambes me piquait & je mettais mon réveil sur le compte de cette désagréable sensation. En me frottant les yeux, je sentais mon visage encrouté & poisseux d’humeur & des larmes. Je me nettoyais le faciès du mieux que je pus.


Dernière édition par le Mer 5 Déc - 21:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le Scribeur   Le Scribeur Icon_minitimeMer 5 Déc - 18:40

Il manque une partie du texte sur environ une demi-page & le début de la partie apparente est difficilement déchiffrable si bien que je ne promets pas l’exactitude de ma lecture.

Dehors il faisait beau. La lumière inondait généreusement l’intérieur de la Chose. Ca glissait vite. Très vite. Mais je commençais à m’habituer à ce phénomène, d’ailleurs, balancement discret & intermittent du corps de la grande Limace avait favorisé mon assoupissement. Je m’étais campé sur mes jambes & rapproché en titubant d’une des singulières parties de la Bête, par laquelle la clarté entrait. Au premier abord, plein d’espoir, je m’étais approché, pensant follement qu’il me serait possible de m’échapper. En vain ! J’eu beau frapper, taillader la paroi avec mon coutelas, impossible de déchirer la peau de l’Animal. On aurait dit de la pierre. De la pierre taillée, polie… du métal.

Ce paragraphe est suivi d’une page presque immaculée où ne subsistent que quelques bribes de mots, de phrases, mais rien qui permettrait de suivre le fil du texte.

Je regarde dehors & rien n’est plus semblable. La Forêt a laissé la place à un paysage plus dégagé. L’Horizon est vaste. J’aperçois la Mer dans le lointain, grande étendue bleue & scintillante… infinie. Aux premiers & seconds plans, il y a des maisons…beaucoup. Elles sont grandes, singulières. Les murs & les toits ne sont ni de chaume ni de pierres, ni de briques. Ils sont gris & luisants. C’est à la fois beau, magnifique, absolument grandiose & dans un même temps, cette brillance me fait mal aux yeux & attise une peur, une irrépressible sensation de rejet.
L’inconnu impressionne & angoisse. Repousse & attire.
Un rejet que je veux comme double. Je crains de me rapprocher de ce milieu qui n’appartient pas à ma culture. Je veux retourner chez moi, sortir du monstre qui m’a ingurgité, revoir des Etres connus. Sans pouvoir m’en empêcher, j’interprète la splendeur qui émane de ces maisons. Moi, souillé, on me transporte dans un univers de pureté, étincelant. On m’injecte dans un endroit où ma place serait totalement cavalière. Je me dégoûte moi-même. Je m’exècre tout en sachant sciemment que ma présence en ces lieux est involontaire.
Interminablement, comme pressée, la Bête avance. Vers où ? Pendant combien de temps encore ? Je suis totalement impuissant. Je ne comprends pas & ça m’inquiète. Cependant, il y a tellement d’événements inhabituels qui s’accumulent qu’en prenant un peu de recul vis-à-vis de moi-même, je me trouve assez insensible face à l’état des choses, face à ma situation qui empire. Nous longeons des empilements de troncs puis à nouveau des maisons, des troncs, des maisons… des troncs… des maisons…


Je m’éveille doucement, je suis assis par terre, avachi contre un mur. Mon visage est tiède, j’ai de dos chaud. Pour me relever, je pose ma main contre le mur. Le matériau est froid. Je frissonne en raison de l’hypothermie. Mes pieds reposent sur des galets & dans le va & vient de l’eau salée.

FIN DU REVE CINQUIEME
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