Bon alors voila la première partie :
Trois Mots Morts
Paul contempla un instant les trois mots ornant la façade de la mairie, non sans un sourire.
C'était certain que l'Autre avait fait ça pour se foutre de leur gueule et c'était ce qui le faisait rire justement, cette espèce d'ironie que personne ne semblait saisir. Lui avait toujours admiré l'ironie, c'était si fin, tellement drôle même qu'on pouvait arriver à en pleurer.
Comme ce soir...
Un sale soir à n'en pas douter, un soir de carence. Le genre de soir à vous terminer à coups de matraque dans un champ. Les gars d'la Commune avait le droit de faire ça, et oui, c'était marqué dans la Circulaire 38 sur les Couvre-feux mais ça personne ne le savait. Parfois, Paul se demandait même pourquoi Il s'escrimait encore à envoyer son programme à la populace puisque personne ne le lisait. Mais c'était simple, il voulait pouvoir dire qu'il prévenait les gens, à la manière d'un Hitler.
C'était tout aussi stupide.
Personne ne se souvenait d'Hitler.
Un soir de carence en plus, pensa-t-il en tournant au coin de l'Avenue Charles de Gaulle et de la Rue du Maréchal Pétain. Beau paradoxe, non? Vous trouvez pas ça beau à chialer, vous? Hein qu'on dirait de la musique hawaïenne?
Et il se prit à sourire.
C'était une denrée rare le sourire, ces temps-ci mais, ça non plus, personne n'y faisait gaffe, pensa-t-il en tapant le code de son immeuble. C'était comme les déportations, et ces effluves de fumée noire à l'horizon. Ouais, c'était comme le monde out simplement. Personne n'y faisait attention.
La clef tourna comme au ralenti dans le barillet de la serrure puis Paul ouvrit la porte et pénétra dans son Havre de Paix. Il y avait encore des livres ici et bien d'autres choses interdites que personne n'aurait essayé de voler. Pas de vêtements de marque ou d'écran GHD. Désolé. Rien que de la culture ici, de la connaissance en barre mais qu'est-ce que la masse en avait à foutre de tout ça?
D'ailleurs, est-ce qu'ils en avaient quelque chose à foutre de quoi que ce soit leur vie mise à part, bein entendu?
Paul saisit alors un paquet de pâtes et se mit à cuisiner.
D'aucun penserait Paul trop pessimiste. Et c'était peut être vrai, en un sens mais la réfléxion n'amenait-elle pas la dépression? Quelqu'un avait dit ça, il en était certain. Il avait juste oublier son nom. On oubliait beaucoup de chose ces temps-ci, vous savez?
Il n'avait pas peurde ce qu'amènerait la nuit. Il détestait trop ce monde pour que la Mort elle-même put lui faire peur. Et cela le gênait car les héros eux affrontait celle-ci et l'homme qui l'acceptait sans mot dire n'était qu'âme désinvolte.
A l'autre bout de la cuisine de par-delà le monde de la table, la boîte le fixait dans immobilité cadavérique. Avec son gros cadenas noir qui aurait plutôt mérité de garder quelques sombres trésors enfouis bien au-delà de la Grande Barrière, avec sa serrure comme une orbite vide, comme un oeil aveugle et si accusateur, pourtant.
Quelque part au fond de lui, une voix douce comme le miel lui demanda pourquoi il ne l'ouvrait pas. Puis une porte claqua. Il ne voulait pas répondre. Il ne pouvait pas.
La réponse attendrait...